Le cheptel

La surface des lointaines toitures
Emblavée de lumière argentée
Comme d’étranges immobiles pâtures
Où est venu s’abreuver le cheptel

Les bovins aériens de la nuit
Dont les vastes tétines rectilignes
Le mouvement d’atmosphère introduit
Dans les vides laissés par la ville

Les sonnailles des églises attachées à leurs cous
Font entendre les cloches quand ils lapent
Le fluide de rêves visqueux et obscur
Des fenêtres luisant comme des flaques

Qui s’allument çà et là sur les rides de tuiles
À mesure que s’approche en chantant
Étirant les traînées de vapeur ductiles
Le berger insouciant du matin

Qui emmène le bétail vers le rouge horizon
Où scintille l’écorce du lendemain
D’où étend l’avenir ses fragiles pinceaux
Annonçant l’arrivée de Amon