La forme

Comment sépare-t-on la forme d’une femmeQui se détache de la forme d’une flaqueSur l’asphalte mou où spiralent les pharesEt les sirènes excitent les résonancesLe mois de janvier touche à sa finLa femme touche à ses lèvresLes lèvres embouchent l’airL’air qui s’étale jusqu’aux bords d’un squareQui lui a l’air qui a l’airD’une baignoire où met la nuit venueLe moignon de son bras l’horizon nuQu’a recouvert le joaillier de BerlinDe ses arrondissements comme des guirlandesL’œuvre d’art l’œuvre d’artCelle qui marche et qui rompeCelle qui sort et qui rentreCelle du blanc et du noirDes sourires des larmesDe l’urine du marbreDe l’arabe et de … Continue reading La forme

Le chant d’oiseau qui reste après que le train est passéLe rouge qui reste après que l’azur s’est déployéL’immensité qui reste après que l’œuf s’est casséEntre les mains aimées qui restent là Là où les océans sont verts et les baraques bleuesLe vent absent et les fenêtres éparsesDans un paysage long et inintéressantOù l’on est seul et où l’on lit Jules Verne Qui sonne bizarrement semblable à vérandaOù l’on le lit et où étend ses raisLe soleil fraîchement peint d’une touche du pinceauDans la main de celui des grands-parents Qui parle le moins mais qui finit par être le plus … Continue reading

Une petite bulle de lumière

Une petite bulle de lumière — c’est ça le passé. Une petite bulle où l’on peut déceler les continents rongés par les océans, les visages rongés par l’obscurité, l’obscurité tachée des éclats des flashs d’appareils photo, les doigts qui appuient sur les touches, les grains de poussière que colle aux doigts, les paupières qu’on baisse, les cils qui se courbent, le paysage sinueux qui devient bleu, devient rose, devient rouge, devient noir, glisse à travers la fenêtre fouettée par la pluie, du nord au sud, pendant que le train glisse du sud au nord. Les lèvres qui s’ouvrent, une bourse … Continue reading Une petite bulle de lumière

La douceur de la paix

La douceur de la paixLa douceur de la portePeinte en couleur d’espaceQui sépare les épais-ses façades de BerlinQui se parlent dans une languehiéroglyphique de fi-gures qui bougent dans les fenêtresEn suivant leurs rituelsLa douceur de la paixDans l’air tiède de mi-marsQu’on ressent dans une phraseDétachant d’une figureD’un passant éméchéQui a des difficul-tés même si très légèresDe faire preuve de retenueDonc il parle et fortEt ses paroles s’envolentContournant les façadesPénétrant dans les fenêtresS’insérant dans les cer-veaux de personnes qui s’en-dorment dans une sorte de l’archeDe Noé qui emporteTout le reste de l’EuropeVers la fin d’une soiréeOù la paix est si douceEt … Continue reading La douceur de la paix

King Diamond

— А это что? — спросил я, когда из колонок раздались первые звуки перегруженной гитары, сложные барабаны и высокий вокал, который мне чем-то сразу понравился. — Это «Кинг Даймонд», — объяснил Вова, взглянув на меня с покровительственной улыбкой римлянина, открывающего неотесанному варвару глаза на мир. — Это тяжелее «Металлики». Либо ты сейчас загнешься, либо попросишь послушать! — Дай послушать, — сказал я немедленно, наклоняясь вперед, в луч солнца, который пересек мое лицо и проник между полуоткрытыми губами, как бы подчеркивая гармонию чувства, когда твои подхалимские слова, произносимые, чтобы подтвердить принадлежность к клану, совпадают с твоими реальными желаниями. — Очень круто. … Continue reading King Diamond

Лина

Ладно, я расскажу тебе всю правду. Ее звали Лина, меня Ваня, мне было 24, ей 17. Мы жили в этом мире, нам было тесно, зелено и возбужденно. Через огромный и тускло блестящий мир тек один-единственный проспект, который назвался Ленинский, он светился многими огнями, большими и маленькими, движущимися и неподвижными, от него исходил запах черемухи, запах бензина, запах новой одежды и запах высокого общества. Летело, соловело, пенилось, кричало, стучало колесами, вращало глазами, бежало быстрой полосой за высоким окошком. Летело лето, шарахались прохожие, билось сердце, чернела черта бедности, слушался черный металл, стучали колеса электричек, жилось напропалую в Москве, жилось чуть проще в … Continue reading Лина

Il y a quelque part

Il y a quelque partProbablement j’espère peut-êtreLes autres années 50Un autre Jacques Prévert qui a dans ses yeuxUn autre Paris avec les tables luisantesRempli d’autres formes de femmes et d’autres formes de messieurs Il y a une autre gare centrale où attend son trainUne mère solitaire avec son enfantQui est peut-être observée par un poète à peau plus dureQui parle français un peu bizarreMais enfinSur presque le même sujet Il y a quelque part un paysage aplatiAvec des taupinières d’arrondissementsCreusées par le mouvement simple et répétitifDe personnes qui arrivent et des armées qui se rendent Les champs de presque blé … Continue reading Il y a quelque part

Les étoiles

Les étoiles ternes les braises des oiseauxLes petits squelettes de leurs mouvements diurnesLes détritus d’où prendra son essorUn nouveau jour portant dans sa mâture Les silhouettes fugaces dessinées par le ventLes scènes incertaines suspendues dans les airsLes êtres toujours vivants de lendemainLes êtres toujours morts d’hier La mer sereine de nuages qui baigne les rivesDes yeux inquiets venus eux-mêmes d’étoilesUn bateau ivre qui va à la dériveQuand les oiseaux cisèlent ses faibles voiles Continue reading Les étoiles

Tout ça

Tout ça : la petite professeure de français qui t’ouvre la porte avec un joli sourire, en te disant d’une voix enjouée et douce : « Mais vous voilà ! On vous attend déjà ! », comme si le test d’expression que tu dois passer — pour manque d’acceptation du fait que la langue de Baudelaire, tout comme Baudelaire lui-même, sont bel et bien dans ton sang, — comme si cet examen-là n’était qu’une agréable conversation dans un café par un matin ensoleillé d’un début d’avril, l’ordi dans un coin, les rais du soleil printanier qui pénètrent gaillardement dans la … Continue reading Tout ça

La mort du jour

La mort du jour dans la salle à mangerQu’assiste la famille entière en souriantLe jour qui a fait de son mieux pour être légerEt qui est mort pour rien — ou presque rien J’ai quatorze ans ; ma vie est faite de pure conscienceLes chemins rustiques sortent de mon corps comme mes propres membresJ’erre sur les rives émaciées et dans mon erranceJe précipite l’avènement du demain Qui vit encore ; qui, comme chaque jour nouveauEspère qu’il va durer infinimentEt qui, en entrevoyant le sort de son aïeulCommence à s’agripper avec ses pinces À des arbustes verts ; aux pins qui … Continue reading La mort du jour