La forme

Comment sépare-t-on la forme d’une femme
Qui se détache de la forme d’une flaque
Sur l’asphalte mou où spiralent les phares
Et les sirènes excitent les résonances
Le mois de janvier touche à sa fin
La femme touche à ses lèvres
Les lèvres embouchent l’air
L’air qui s’étale jusqu’aux bords d’un square
Qui lui a l’air qui a l’air
D’une baignoire où met la nuit venue
Le moignon de son bras l’horizon nu
Qu’a recouvert le joaillier de Berlin
De ses arrondissements comme des guirlandes
L’œuvre d’art l’œuvre d’art
Celle qui marche et qui rompe
Celle qui sort et qui rentre
Celle du blanc et du noir
Des sourires des larmes
De l’urine du marbre
De l’arabe et de l’allemand
Du morbide et du marrant
Et de l’histoire ornée des ombres
Difformes qui coulent sur le pavé
Où le crayon du mois de janvier
S’émousse inévitablement
En dessinant en dessinant
La forme d’une femme la forme d’une flaque
Que l’œil ne sait pas séparer
Sans que la Lune les dissèque