La nuit dans la cuisine canadienne
Dont effleurent les détails les phares de route
Le tapis le sofa l’écran de télé
Rien à voir personne à l’écoute
L’immensité de ce silence qui émancipe
La pensée de celui qui s’y gare
La fragilité des verres qui durcit
L’ombre du contemplateur gracile
La blancheur d’étiquettes dans la pantry
Et celle des dents dans un sourire incertain
La baie vitrée qui fait pénétrer
Le noir dans le vert et vice versa
La énième variation sur le thème classique
Un essuie-tout froissé un pot inachevé
Du beurre de cacahuète le bleu transatlantique
Le bruit d’avion de chasse qui revient
La pile d’assiettes abimées par la Lune
Les fenêtres voisines collées sur le carton
De la nuit dense tiède mais pas très longue
Dont les réverbères recueillent le coton
La nuit américaine hachée des lignes pâles
Des avenues ; un coureur seul sur le quai
Du canal où immergent leurs palpes
Les méduses électriques des quartiers
La nuit est douce la bouche du ciel immense
Où tourne lentement la langue indécise
De l’horizon qui a appris l’humain
Sans grand succès ni véritable désir
Les lanternes redescendent de l’outremer
Dans les pâtés de maisons immobiles
Le rose pénètre le blanc et à l’envers
Chantant sans le savoir l’hymne de son pays