La douceur de la paix

La douceur de la paixLa douceur de la portePeinte en couleur d’espaceQui sépare les épais-ses façades de BerlinQui se parlent dans une languehiéroglyphique de fi-gures qui bougent dans les fenêtresEn suivant leurs rituelsLa douceur de la paixDans l’air tiède de mi-marsQu’on ressent dans une phraseDétachant d’une figureD’un passant éméchéQui a des difficul-tés même si très légèresDe faire preuve de retenueDonc il parle et fortEt ses paroles s’envolentContournant les façadesPénétrant dans les fenêtresS’insérant dans les cer-veaux de personnes qui s’en-dorment dans une sorte de l’archeDe Noé qui emporteTout le reste de l’EuropeVers la fin d’une soiréeOù la paix est si douceEt … Continue reading La douceur de la paix

Il y a quelque part

Il y a quelque partProbablement j’espère peut-êtreLes autres années 50Un autre Jacques Prévert qui a dans ses yeuxUn autre Paris avec les tables luisantesRempli d’autres formes de femmes et d’autres formes de messieurs Il y a une autre gare centrale où attend son trainUne mère solitaire avec son enfantQui est peut-être observée par un poète à peau plus dureQui parle français un peu bizarreMais enfinSur presque le même sujet Il y a quelque part un paysage aplatiAvec des taupinières d’arrondissementsCreusées par le mouvement simple et répétitifDe personnes qui arrivent et des armées qui se rendent Les champs de presque blé … Continue reading Il y a quelque part

Les étoiles

Les étoiles ternes les braises des oiseauxLes petits squelettes de leurs mouvements diurnesLes détritus d’où prendra son essorUn nouveau jour portant dans sa mâture Les silhouettes fugaces dessinées par le ventLes scènes incertaines suspendues dans les airsLes êtres toujours vivants de lendemainLes êtres toujours morts d’hier La mer sereine de nuages qui baigne les rivesDes yeux inquiets venus eux-mêmes d’étoilesUn bateau ivre qui va à la dériveQuand les oiseaux cisèlent ses faibles voiles Continue reading Les étoiles

La bête

La fourrure blanche sur les pattes d’acierQui tremble sous les bourrasques du ventQuand la bête en béton aspire au cielEn essayant de quitter son antre Les jambes des tours nervurées des fêluresPoussent la terre dans un effort désespéréDe détacher le poids de son fémurEt faire un saut envers les nuages dorés Les yeux des cours cernés des chemins battusOù béent les pupilles qui se bougent à peineVersant leur regard de chien battuVers la bleuté lointaine et nettement découpée Les gouttes des fenêtres qui s’évaporent de la peau durcieDes bras et des épaules du corps du géantÀ mesure que maintenant et … Continue reading La bête

Tout ça

Tout ça : la petite professeure de français qui t’ouvre la porte avec un joli sourire, en te disant d’une voix enjouée et douce : « Mais vous voilà ! On vous attend déjà ! », comme si le test d’expression que tu dois passer — pour manque d’acceptation du fait que la langue de Baudelaire, tout comme Baudelaire lui-même, sont bel et bien dans ton sang, — comme si cet examen-là n’était qu’une agréable conversation dans un café par un matin ensoleillé d’un début d’avril, l’ordi dans un coin, les rais du soleil printanier qui pénètrent gaillardement dans la … Continue reading Tout ça

La mort du jour

La mort du jour dans la salle à mangerQu’assiste la famille entière en souriantLe jour qui a fait de son mieux pour être légerEt qui est mort pour rien — ou presque rien J’ai quatorze ans ; ma vie est faite de pure conscienceLes chemins rustiques sortent de mon corps comme mes propres membresJ’erre sur les rives émaciées et dans mon erranceJe précipite l’avènement du demain Qui vit encore ; qui, comme chaque jour nouveauEspère qu’il va durer infinimentEt qui, en entrevoyant le sort de son aïeulCommence à s’agripper avec ses pinces À des arbustes verts ; aux pins qui … Continue reading La mort du jour

Les cyprès

Les cyprès écailleux de Madrid qui oscillent lentementDans les marges de la symétrie émaciée par le ventSous les faibles caresses de ses doigts désossés et si lestesQu’ils arriveront plus tard à en sortir la poussière célesteLes palmipèdes de pieds dans l’océan du sable illusoireQui ballent qui valsent et qui semblent parler en sous-mainDans une énorme salle où le soleil pendouille au midiPénétrant les recoins les plus sombres d’une âme alourdieLa bohème qui s’encastre dans les balcons des plus beaux quartiersLes boutiques les cafés les vitrines le bruit de papierQui tremblote dans les mains d’un vieil homme assis sur le bancDont … Continue reading Les cyprès

Madrid

Madrid, je te promets : je reviendraiJe reviendrai pour revoir tes cheminéesQui s’acheminent vers le ciel étoiléEn s’éminçant à mesure que tes alléesS’allongent en s’écoulant dans la verdureEt transparence de l’air chaud d’après-midiOù se brassera bientôt le caramelDu soir qui remplira d’abord les creuxDes places des rues des fenêtres et des balconsQui montera plus tard par les ruellesÉtroites du centre-ville vers le palais royalEn submergeant ses salles d’orange du bleuDu céladon du mauve et du vermeilEn empruntant les teintes manquantes des yeuxDes serveurs las et des toiles de GoyaIl débordera très vite les étagesPercera le toit et giclera en dehorsÉclaboussant … Continue reading Madrid

Ma mère

Ma mère est un point dans un grand universQui scintille doucement aux abords de mes rêvesUn point qui sait lire ma vie à l’enversQui cesse de parler quand l’amour apparaît Ma mère est un astre dont la faible lumièreOn voit dès le début d’un voyage de cent ansQui perce la nuit sur l’ancien cimetièreMettant un sourire sur les lèvres des gisants Ma mère lointaine atlantique cubaineMa mère la rivière la baie la merQui mêle à la mélancolie urbaineLe goût de cerises immatures et amères Ma mère mois de juin roux des cheveux rouge des lèvresDont la silhouette s’incrustait dans l’azurDes … Continue reading Ma mère

Texas des cieux, les Indes des rues

Texas des cieux, les Indes des ruesLes Atlantiques d’immeubles noircisLes sons qui sortent de la carrureDes trous dans les murailles graciles Le chuchotement de l’horizonQui fait la cour au jour prochainEn lui offrant de minces morceauxDes nuages d’un rouge alléchant Le grand silence qui s’étendAu-dessus des vagues du bétonEn se couvrant de plis du tempsQui berce les fragiles bateaux De la rêverie et des espoirsQu’on gare tout près de sa fenêtreRentrant chez soi au fond du soirConcave et privé de phonèmes Les monts du vide se profilentAu loin où garde l’équipe de nuitUn périmètre qui sert d’asilePour les âmes sorties … Continue reading Texas des cieux, les Indes des rues