Le rouge l’orange le mauve l’azur
L’aigue-marine le presque vert
Le vert vraiment le vert à peine
Sorti du corps du bleu foncé
Le vert pistache le vert poireau
Le vert tilleul le vert printemps
Le vert dont on ignore le nom
Qui n’existe que dans ce poème
L’orange s’en va le jaune persiste
Les cheminées le seul objet
Suffisamment chargé du sens
Qui est admis sur ce tableau
Les gouttes qui coulent le rouge c’est dense
Ah oui les antennes elles aussi
Elles sont admises car elles sont minces
Et les insectes et les personnes
Sauf celles qui scellent les rideaux
Mais à part cela c’est tout le nuage
Qui forme une tête de hérisson
Une partition que porte le vent
Et qui n’existe que dans cette ligne
Même si ses pages sont si réelles
Si soigneusement et bien écrites
Et ce serait tellement logique
Pour les cheminées d’être orchestre
Et l’avoir interprétée
L’orange se met dans les carrées
Du brun creusés dans le marron
Qui est le produit de désin-
tégration du rouge qui s’en va
En suçant ce qui reste du soir
Et de la tête de hérisson
Et des ombres que se spaghettifient
À proximité du métro
Et les antennes qui elles aussi
Semblent avoir des affaires
Avec le mauve qui s’estompe
Mais le mauve lui s’estompe
Et les antennes restent seules
Le mauve se mange mais vomit
La nuit emmanche les vêtements d’homme
Un homme dort sur la place d’Espagne
Du brun pour la peau et pour les plis
On laisse comme ça