Les odeurs

L’odeur de la maison de Sacha
L’odeur des biscuits pour l’anniv
L’odeur du coca déversé puis séché
Mais qui colle toujours aux doigts

L’odeur de l’été brulé
L’odeur du papier froissé
L’odeur de fumée qui émane de la fenêtre
Où cuisine la mère de Sacha

L’odeur du mois de juin
L’odeur de la liberté pure
L’odeur des jeunes herbes qui percent le bleu
Celui qui n’a pas d’odeur

Ou peut-être si c’est juste
Qu’on ne peut le mettre en mots
Qu’en disant les choses qui sembleraient drôles
Et donc on les garde non dites

L’odeur d’une marche solitaire
Le long des clôtures inclinées
Qui sont déformées par la masse des souvenirs
Et par les rafales du vent

L’odeur des billets dans la gare
L’odeur de la femme qui les vend
L’odeur de lilas qui se mêle là-dedans
Même si l’on ne voit que les mains

L’odeur du train qui arrive
L’odeur des plateformes que s’alignent
Aux rêves et aux pensées de celui ou celle
Qui se superpose sur le vert des collines

L’odeur de la maison de Sacha
L’odeur qu’on ne sait pas nommer
L’odeur qui englobe tout ce qui est bleu
Tout ce qui pétille et irise

L’odeur d’une gare indistincte
Dans un point qui pèse l’infini
La vendeuse figée dans son guichet
À des années-lumière d’ici

Le cercle dansant du soleil au midi
Les odeurs qu’apporte le vent
Un moteur lointain le bleu dégradé
La main qu’on effleure par hasard