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Un réverbère a enfilé les flaques
En percutant leurs surfaces sereines
Qui se situent sur les écailles d’une rue
Où ruissellent les feux de circulation
Et les passants s’allongent et se découpent
En s’insérant dans les morceaux du ciel
Qui sépare les façades des façades
Pour qu’on puisse avoir des fenêtres
En face et des regards curieux
Des passants blancs et des passants obscurs
Selon le temps et le moment de jour
Et d’autres choses qu’on omet comme injustes
La rue ruisselle et les couleurs coulent
Les fabriques fument et les algues s’agitent
La mémoire se forme les pas s’accélèrent
Sur le trottoir ressemblant à un corps de l’hydre
Que le tramway éventre et les voitures scellent
L’orage s’en va l’orange persiste un rire s’échappe
Les semelles glissent la main se maintient dans une poche
Leipzig de mi-avril se découpe de l’espace