L’étain de l’aube

L’étain de l’aube qui brasille
Au fond des grands chaudrons des rues
D’où les lueurs de domiciles
S’envolent comme la cendre et où

Les songes se brassent les mains s’intriquent
Les lèvres s’ouvrent les creux résonnent
Des sons de pas-encore-répliques
Jetées par pas-encore-personnes

Les gouttes de bruine sur le pare-brise
Étouffent le feu sous la chaudière
Qui s’aplatit et se tarit
Quand on avance dans le quartier

Le moule des jours sculpté des toits
Forgé par les marteaux de nuages
Là glisse la livide étoile
Grattée par le pique-feu d’étages

Une braise d’amour une bave d’espoir
Pétillent toujours dans les ténèbres
Le jour indiscernable du soir
Les mots inséparables des lèvres

Une fenêtre orange qui flotte seule
Au-dessus des murs brûlés noirs
Entre les bulbes de sous-sol
Et les pétales des mansardes

Un faible feuillet laissé au vent
Chutant dans l’épaisseur de nuit
La pâle et faible goutte d’étain
Qui embrasera l’aujourd’hui