Un corbeau tombe par terre
La terre gluante et molle
Trempée des pleurs d’été
Dont les jambes s’étiolent
Sous les bourrasques d’ivrogne
Du vent de mi-octobre
Qui coupe en polygones
Les clairs et les sombres
Restants du temps qui passe
Qui rampe et qui colle
Avec ses mains fadasses
Aux grilles des balcons
Les entourant des feuilles
Comme des doigts livides
D’un fou ou d’une folle
Qui ont changé d’avis
Le vent les coupe net
Le vent se montre fort
Le vent se montre honnête
Le vent se montre profond
Le vent qui sent l’alcool
Mi-mois mi-tourmente
Qui coupe et qui colle
Les corps aux vêtements
Les fenêtres aux personnes
Les lèvres aux mots blessants
Les âmes mollassonnes
À ceux qui me ressemblent
Un corbeau s’atterrit
Rescapé d’une tempête
La terre s’amoindrit
Les saisons se répètent
Le fleuve plein d’azur
Infléchi par son poids
Suturera le tissu
D’une terre aux abois
Les mains faibles du printemps
S’agripperont aux fenêtres
Et le temps haletant
Ne tardera pas à s’y mettre