La main nocturne qui envide
Les fenêtres jaunes sur le vide
Les murs grisâtres sur le rien
Les âmes des autres sur la mienne
Les édifices qui sommeillent
Qui s’enchevêtrent qui s’emmêlent
Dans le filet de troncs d’érables
Dans les hiéroglyphes des rails
Le jour prochain qui sort des vitres
Comme un bizarre embryon
Couvrant la coque de la nuit
De minces fentes des avions
Le noir des yeux le rose des peaux
Les pas légers des réveillés
Les rais qui tombent comme des copeaux
Des portes-fenêtres entrebâillées
Les dissonances les unissons
Le grand silence qui s’étend
La grille courbée des petites maisons
La flaque bleue de l’océan
La lame vermeille de la lumière
Fait une entaille au ciel obscur
En débusquant de sa tanière
La bête furtive de crépuscule
Les maniements des monuments
Qu’on ne voit pas et qui sont libres
De remuer le marbre des mains
Et faire trembler le vert des lèvres
La nuit, exsangue, éreintée
Cesse enfin son envidage
Cédant sa place à l’apprenti
Qui grimpe lentement les étages
Les fils de routes les perles d’ampoules
Les silhouettes des toits piquants
Couvrent les fragiles épaules
De son unique mannequin
Le jour brûle bruyant amer
Mettant ses longs tentacules
Dans les espaces des portes cochères
Où l’obscurité recule
L’air sort des bouches inonde les antres
De l’ouïe ; la Terre grince en tournant
Les heureux et les misérables
Peuplent les cloques du néant