Commander Keen

J’ai un casque jaune avec deux rayures vertes au centre et une grande bosse d’un côté, un blaster rouge qui crache des bulles de plasma et les poches pleines de munition. Je saute sur mon pogo stick et j’avance sur le sol purpurin, couvert de drôles de moellons et bizarrement incliné, dans un endroit à l’atmosphère hostile d’une planète aride où j’ai crashé sur mon petit vaisseau spatial (que j’ai construit moi-même dans l’arrière-cour de ma maison, mais ça, c’est une autre histoire pour une autre fois). Maintenant, j’ai un problème assez urgent à résoudre. Ou, plutôt, deux problèmes, l’un … Continue reading Commander Keen

Прабабушка

Мою прабабушку Маню — вернее, одну из многочисленных сестер моей прабабушки, никогда не бывшую замужем и, кажется, не имевшую мужчин в своей жизни, — я помню исключительно по даче. Она была неотъемлемой частью моего дачного эскпириенса, если я могу себе позволить так выразиться, его обязательным элементом, настолько постоянным и естественным, как если бы самое лето как феномен было без нее физически невозможно. Ее бессменная синяя шерстяная кофта, плотные тканевые чулки и пучок седых волос на голове, закрепленный черной заколкой, были всегда одинаковыми, с точностью до легчайшего оттенка и тончайшего колебания кристаллической решетки. Неизменными были также сладости, которыми она меня баловала … Continue reading Прабабушка

Откроется

Однажды Макдоналдс на Пушкинской снова откроется. Это случится неизбежно — потому что таковы законы экономики, зайка. Таковы законы природы, таково расписание поездов на Киевском вокзале и таков узор царапин на мраморе в вестибюле станции метро, где ты стоишь у высоченного мутного окна с недостижимыми даже для самых усердных уборщиц частичками пыли из шестидесятых, ниточками сухой паутины из восьмидесятых и застрявшими во временных трещинах выцветшими медяками из одного дня в середине пятидесятых, где с морозной улицы залетела гурьба, засверкали чубы, запестрели платья, загремели басы и зазвенели альты, оглашая потепление во всех возможных регистрах этого слова. Макдоналдс откроется. Откроется Старбакс. Затекут слюнки … Continue reading Откроется

La cloche

Les moires auditives du son de la clocheQui paraissent lentement à mesure qu’il s’approcheSur la lisse surface du bruit de la pluieDont les vagues livides déferlent sur la nuitCaressant les murailles des grises bâtissesAssoupies dans leurs rues à moitié endormiesPresque dissimulées dans les douces ténèbresEt seulement jalonnées par les taches de fenêtresQui s’allument et s’éteignent comme les reflets dans l’eauComme les points lumineux dans le noir là-hautDont on connait les noms et les coordonnéesMais ignore toujours de quoi ils sont nésLes fenêtres entrouvertes dispersées dans la nuitLes morceaux diaprés accolés sur le videLes ocelles de lumière sur la nuque d’un … Continue reading La cloche

Un homme au bord de l’océan

Un homme au bord de l’océanUne goutte de conscienceVenu à la rencontre des gouttes d’eauQui sautent en l’air qui éclaboussent son visageQui le taquinentLe saluentLui disent allo mon vieuxBonjour/hiBienvenue chez vousRavi de te voirOu bien revoir pour une énième foisMême si ta mémoire ne conserve que les deux dernièresL’été 2017 l’été 2022En omettant tous les hivers et les automnes de tous les ansAvant qu’on commençât à suivre ce drôle de calendrierDe tous les millénaires des ères et des éons qu’on a passés ensembleMoi dans mon lit rocheux roulant mes vagues verdâtreToi sur le fond, fumant noir, flottant, sans te mouver, … Continue reading Un homme au bord de l’océan

Шлюз

Поздний вечер одной из бесконечных недель февраля — стеклянный, морозный, кирпично-порожний, в бетонную клеточку и в грязно-снежную полоску, открытый на узенькую щелку, из которой вьется втихаря выдыхаемый сигаретный дым и в которую стремится неумолимая гигантская зимняя ночь — словно черная вода Енисея в шлюз на могучей плотине, возведенной безустанными отрядами моего собственного бессознательного, что денно и нощно ищет, не удосуживаясь поставить меня в известность, альтернативные источники энергии в давно исчерпавшей ресурсы сырого счастья и природной надежды стране. Вой поздней электрички за окном, просящейся домой, в тепло — зов длинного загадочного змеистого существа, покрытого желтыми пятнами окошек с фигурками клюющих носом … Continue reading Шлюз

Elle

Je tiens un flacon de parfum dans ma main. Il scintille dans la lumière ambrée du soir suintant à travers les rideaux immobiles dans l’accalmie parfaite de l’air, il tamise les rayons droits et poussiéreux, les filtrant avec ses parois et les émettant à l’autre côté, où ils touchent, radoucis et tempérés, la surface râpeuse du mur, y formant une tache ovale avec une petite écorchure qui correspond à la forme de mon doigt, posé sur le bouton-poussoir de vaporisateur. Je l’appuie. J’aspire. J’aspire, par morceaux, Paris, métro, la femme en manteau, son mari en chapeau, leur fils avec ses … Continue reading Elle

La datcha

La datcha. Trois mois de l’année, la moitié de la vie ressentie, relativiste comme un rai de soleil de la première semaine de juin, citronnée comme le thé dans la grande tasse de mon grand-père à la fois aimé et effrayant à cause de sa taille, elle était toujours là — là où je l’attendais, là où je me précipitais après être descendu du train en provenance de Saint-Pétersbourg, là où la lumière faisait courir sur le sol piétiné d’une petite ruelle des drôles d’ocelles comme sur le cou de girafe, produites par les réflexions du soleil multiplié dans le … Continue reading La datcha

Le printemps

L’arrivée du printemps dans ma ville était toujours soudaine, inattendue et ubique — un peu comme un de ces évènements marquants dans la vie qu’on attend avec impatience et nervosité, pour lesquelles on essaie de se préparer en lisant d’innombrables articles sur le sujet et en embêtant ses amis qui avaient déjà fait l’expérience avec d’incessantes questions : « Ça fait comment ? C’est vraiment fort ? Est-ce douloureux ? Ça pique ? On s’en souvient après ? On est inconscient ou presque ? Et après, ça dure combien de temps ? ». Une de ces expériences transformatrices qu’on ne … Continue reading Le printemps

Le temps n’est pas une flèche

Le temps n’est pas une flècheC’est l’océan dont nous flottons on topLes drames, les dragues, les habitudesQui constituentLes gouffres et les rivièresLes marées-hautes, les marées-bassesD’avant, d’après, d’autrui, d’ourselvesQui ruissellentDans tous les sensEt qui s’écoulent par les petites fentesDes portes entrebâillées, des grilles de garde-corpsQui giclent du robinet d’un jet fumantQui s’évaporent du fond de la bouilloireOf who you arePendant que tu dorsLes vagues de mémoire t’emportent aux endroits cachés et peu connusAux îles lointaines aux terras incognitas mais en même temps bien familièresElles t’enveloppent, te bercent, te caressentEt quand tu ouvres les yeuxOu même avant que tu le fassesLe mouvement … Continue reading Le temps n’est pas une flèche